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23 Apr

Trois ans déjà

Publié par Sand

Déjà, parce que je n'ai pas vu le temps passer et pourtant...

J'ai resigné pour 2 ans de plus en me demandant de moins en moins "ce que je faisais là" même si je ne suis toujours pas à ma place ici. Le saurais je un jour d'ailleurs!

D'innombrables blog, sites, ouvrages sont publiés sur Madagascar alors je souhaiterais écrire désormais un vécu plus intime, livrer des observations qui n'engagent que moi, issues d'expériences très personnelles. Les photos magnifiques, on les trouve sur le net, belles, des cartes postales sans carton et sans grande profondeur au fond! 

Mon chagrin s'est amenuisé quand bien même Véronique Sanson dès la première note fait revenir la mélancolie façon tsunami. Une mélancolie bienfaisante qui me fait oublier le décor, la dureté "souriante" d'un pays reléguant les contingences loin loin... me ramenant à l'essentiel au fond : l'amour.

L'amour des siens : maman est morte, elle n'a pas disparu non, comme on se plaît à le dire pour une personne défunte. Elle reste présente, là tout prêt, même à Pétaouchnock ainsi qu'elle appelait Madagascar. Elle est morte le jour de mon retour en France pour les fêtes de fin d'année. Durant les jours qui ont suivi j'étais alors aussi triste qu'heureuse d'être au milieu "des miens" pour vivre ces moments émouvants. L'expatriation a cela de douloureux : la crainte d'être absent au décès d'un parent, d'un ami...

L'amour du prochain : le cyclone Batsirail a provoqué une levée de fond à l'initiative de ma sœur via une cagnotte en ligne pour la reconstruction de l'école d'un village sur la côte Est presque entièrement ravagé l'espace d'une nuit. J'ai donc suivi la distribution de riz en urgence, les travaux, l'inauguration aidée par des gens formidables, peinée par le fait de gens fort minables... Mais il en est ainsi pour ce type d'action. J'admire l'humanitaire et en même temps je m'interroge : des missions étalées sur 3 ans en général auxquelles succèdent ... pas forcément ce que l'on avait prévu. Qui on est pour appliquer nos grandes idées sur cette terre si spéciale? La coopération a succédé au colonialisme, attendant l'expression de besoins pour les accompagner dans la réalisation. Parfois on peut attendre longtemps car une vie au jour le jour apprend à se satisfaire ..de rien. Combien de fois au cours de mes nombreuses randonnées, j'ai pu constater des puits, des enclos à biomass, des bâtiments neufs abandonnés, dégradés par l'absence d'entretien et plus encore par l'indifférence. 

L'action d'urgence est indispensable dans un pays secoué chroniquement par des catastrophes naturelles mais l'aide au long court suppose un accompagnement à vie et pour cela il faut plus que croire à ce que l'on fait , il faut avoir la foi telle que je l'imaginais lors de ma première communion ... La réussite d'Akamasoa du père Pedro https://www.perepedro-akamasoa.net/ tient en évidence à la force de sa foi et à toutes celles qu'il aura su transmettre. Cet homme est animé par une force qui le dépasse, il irradie d'amour. Un genre de messie sur terre. Si il y a une chose à visiter à Madagascar pour croire en l'amour c'est Akamasoa... 

L'amour tout court... Et bien si j'ose encore y croire c'est peut-être grâce à des rencontres comme celle du Père Pedro, les gamins jouant sur le trottoir, le lépreux en haut des marches, l'homme en fauteuil au milieu de la route, Bébel crasseux mais gracieux, presque beau pour l'humanité qu'il condense dans un corps en vrac et puis ce vieil homme guidé par un adolescent d'une politesse extrême, le luxe du pauvre. L'amour c'est la rencontre. Sur le sujet je vous laisse écouter Charles Pépin qui mieux que personne donne les clés .

https://www.facebook.com/brutofficiel/videos/514849077432872/?mibextid=rS40aB7S9Ucbxw6v

A vous de vous en saisir... Moi j'ai décidé de les reprendre à presque 56 ans, histoire de m'offrir une raison de regarder plus loin que le bout de ma rue, quand bien même ma vue baisse drastiquement. 

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À propos

Expatriation à Madagascar